4.3.2 Diffuser les expériences réussies des sites dans les autres régions et pays voisins

Examiner les cas de réussite et analyser leurs facteurs

 Pour vulgariser le concept de cogestion des ressources halieutiques, la première chose à faire est de clarifier “ce que l’on veut vulgariser”. Le “quoi” ici est une série d’exemples concrets de la façon dont cela peut être fait au profit[1] des utilisateurs des ressources. Supposons que des activités de gestion des ressources menées dans un village de pêcheurs aient été couronnées de succès et aient abouti à une restauration significative des ressources, qui s’est reflétée dans la gestion familiale des pêcheurs, et que la satisfaction de la population locale à l’égard de ces activités soit élevée. Dans ce cas, quels sont les facteurs qui ont conduit au succès de ces activités ? Qu’il s’agisse des activités de sensibilisation visant à promouvoir l’unité de la volonté des population, de la clarification de la motivation des activités par le biais de la recherche participative, de la coopération des pêcheurs migrants ou du renforcement de la coopération interrégionale des organisations de gestion des ressources, il est nécessaire de passer en revue les cas de réussite où divers facteurs se recoupent, puis de les analyser et de les mettre en ordre .

Ce travail permettra de clarifier la relation entre les intrants (input) et les résultats (output). Chacun des “liens entre activités et résultats” analysés devient un outil de vulgarisation de cogestion des ressources halieutiques dans les zones environnantes.

Faire travailler les leaders des pêcheurs coude à coude avec les administrateurs de la pêche

Pour vulgariser la cogestion des ressources halieutiques dans les zones environnantes, une équipe de vulgarisation[2] sera constituée d’administrateurs de la pêche et de leaders (des pêcheurs) d’organisations de gestion des ressources travaillant ensemble au quotidien. L’équipe de vulgarisation, armée de l’outil qui est le résultat d’analyse des cas de réussite, sera chargée de passer des messages présentant la cogestion des ressources halieutiques à diverses occasions, comme décrit ci-dessous. Les leaders (des pêcheurs) des organisations de gestion des ressources peuvent être persuasifs en racontant leurs propres récits aux utilisateurs des ressources dans les zones environnantes qui sont les destinataires des messages car ils ont expérimenté les meilleures pratiques de cas de réussite. L’explication de leaders (des pêcheurs) est complétée par l’explication d’agents administratifs sur le point de vue et les activités de soutien administratives aux organisations de gestion des ressources et aux utilisateurs des ressources.

Utiliser les opportunités de collaboration interlocalité des organisations de gestion des ressources

Dans les situations où les ressources migrent autour de la zone côtière, ou lorsque les pêcheurs se déplacent saisonnièrement de l’extérieur pour opérer même si les ressources sont stationnaires, il devient nécessaire de discuter et de construire une relation de coopération avec les pêcheurs qui n’appartiennent pas à l’organisation de gestion des ressources en question et les organisations auxquelles ils appartiennent, si des activités de gestion de ces ressources doivent être menées à bien. Pour ce faire, des “opportunités” et des “occasions” de discussion sont mis en place pour partager les problèmes et développer la collaboration entre les deux parties (voir 2.3 Renforcement de la collaboration entre plusieurs villages de pêcheurs). Ces situations offrent la meilleure occasion de promouvoir la cogestion des ressources halieutiques. Si l’organisation de gestion des ressources a connu des cas de réussite dans ses activités antérieures, elle peut utiliser l’outil susmentionné de “lien entre les activités et les résultats” pour persuader les utilisateurs des ressources d’autres régions de se joindre à elle pour accepter la cogestion des ressources halieutiques.

Utiliser les organismes de partenariat nationaux des organisations de gestion des ressources

Le Bureau Exécutif National des réseaux des CLPA, qui se positionne comme une fédération nationale des CLPA, a été mis en place le 15 juin 2017 au Sénégal. L’objectif de cette organisation est d’échanger des informations entre les leaders des pêcheurs travaillant dans les différents CLPA, de partager les initiatives de gestion des ressources de chaque CLPA et de renforcer les liens entre les CLPA. Les informations sur les cas de réussite de cogestion des ressources halieutiques capitalisés par chaque CLPA sont partagées avec le Bureau Exécutif National du réseau des CLPA, qui partage ensuite le concept et le savoir-faire de la réussite avec les autres CLPA et organisations connexes dans tout le pays. Même si cette approche est adoptée, les activités de vulgarisation sur le terrain sont réalisées par une “équipe de vulgarisation” composée d’agents de l’administration de la pêche au niveau local et de leaders (des pêcheurs) des organisations de gestion des ressources. Car, c’est celle-là qui dispose de l’outil de “liens entre activités et résultats” sur la base des cas de réussite.

Utiliser les organismes sous-régionaux de pêche de l’Afrique de l’Ouest

Les ressources halieutiques de l’Afrique de l’Ouest comprennent de nombreuses ressources migratrices qui se déplacent à travers les frontières nationales. Et les groupes de pêcheurs se déplacent également au-delà des frontières nationales à la recherche de ressources à haute valeur commerciale. Lorsqu’il s’agit de promouvoir la cogestion des ressources halieutiques dans ces circonstances, les activités de gestion des ressources menées par un seul pays peuvent ne pas être suffisamment efficaces. D’où, la nécessité de vulgariser le concept de cogestion des ressources halieutiques auprès des pays environnants.

Alors comment vulgariser le concept de gestion conjointe des ressources halieutiques dans les pays environnants où il n’est pas encore bien connu ? L’un des moyens consiste à s’inspirer des cas de réussite de gestion des ressources qui ont fait leurs preuves dans les pays frontaliers dont l’environnement des zones de pêche, les modes de pêche (bateaux, engins et méthodes de pêche), le tempérament et la culture des pêcheurs sont similaires. L’autre moyen serait par les relations bilatérales ou d’organismes sous-régionaux de pêche de l’Afrique de l’Ouest, qui peut être efficace un cadre d’échange des connaissances, des informations et des expériences.

La Commission Sous-Régionale des Pêches (CSRP)[3], basée au Sénégal, est un organisme sous-régional de pêche pour l’Afrique de l’Ouest dont l’objectif est de promouvoir la coopération sous-régionale pour la gestion durable des ressources halieutiques et de renforcer la gouvernance des ressources halieutiques. Par conséquent, la CSRP est utilisée comme un cadre pour vulgariser les cas de réussite du Sénégal dans ses pays membres en plaidant sur les approches de cogestion de la pêche. Si la CSRP et ses pays membres reconnaissent l’efficacité des approches de cogestion de la pêche, la CSRP, en tant qu’organisme sous-régional de pêche, est un organe efficace de vulgarisation dans la sous-région ouest-africaine.

les représentants de la CSRP, de la CRODT, du Cabo Verde, de la Côte d’Ivoire, de la Gambie, de la Guinée, de la Guinée Bissau, de la Mauritanie, du Sénégal et de la Sierra Leone, qui ont tous contribué à l’élaboration du guide et des études de cas.

1. Le terme “profit” comprend ici à la fois le profit immédiat et le profit futur à long terme.
2. L’équipe de vulgarisation ne doit pas nécessairement être officielle, mais peut être composée de plusieurs personnes au cas par cas. Le point clé ici est qu’il s’agit d’un partenariat entre les administrateurs qui connaissent des activités sur le terrain et les utilisateurs des ressources qui ont expérimenté des cas de réussite.
3. Il s’agit de la Commission Sous-Régionale des Pêches (CSRP) (en anglais, Sub-regional Fisheries Commission:SRFC) avec les sept États membres de l’Afrique de l’Ouest sont les six États côtiers (Mauritanie, Sénégal, Gambie, Guinée-Bissau, Guinée et Sierra Leone) plus l’État insulaire du Cap-Vert.