3.1.3 Amélioration de l’habitat

Les méthodes d’amélioration de l’habitat des ressources comprennent l’établissement de zones protégées et de zones de pêche réglementée dans le but de préserver les lieux de croissance des poissons juvéniles, la création de lieux de croissance par des récifs artificiels, et la plantation de mangroves comme zones de nursery. Les méthodes et procédures pour les mettre en pratique sont présentées ici.

Préparer une carte des ressources de la zone cible

Les organisations de gestion des ressources comprendront la topographie côtière et la distribution des reliefs naturels dans la communauté cible grâce à des entretiens et des enquêtes sur le terrain. Sur la base des informations recueillies, les plans d’eau (mangroves, herbiers marins, récifs naturels, récifs coralliens, etc.) considérés comme importants pour les ressources côtières dans la zone cible sont identifiés et une carte des ressources décrivant la distribution des habitats est préparée. Si nécessaire, une expertise sera demandée auprès des autorités centrales ou locales. Les responsables du gouvernement central et local doivent également consulter d’autres ministères, des universités et d’autres institutions de recherche disposant de connaissances et de compétences spécialisées pour soutenir les activités des organisations de gestion des ressources.

19. Comment créer une carte de ressources

Les pêcheurs qui pratiquent la pêche à la ligne depuis de nombreuses années connaissent l'emplacement des récifs naturels dans la zone maritime environnante de leur lieu de vie, en utilisant la méthode de positionnement à l’aide de montagnes, et savent quels bancs de poisson sont attirés par chaque récif naturel en fonction des saisons. Ces récifs portent généralement des noms et leur emplacement est souvent tenu secret pour les autres pêcheurs. Si des pêcheurs à la ligne expérimentés sont d'accord, ils peuvent être sollicités pour accompagner les organisations de gestion des ressources sur les différents récifs afin de prendre leur position à l'aide du GPS et d'obtenir des informations sur les bancs de poissons saisonniers. Ces informations sont ensuite reportées sur une carte marine pour produire une carte de ressources. La carte de ressources qui en résulte constitue un atout majeur pour la création d'aires marines protégées et la sélection de sites pour les récifs artificiels de poissons.

Formuler un projet de plan d’activité pour l’amélioration de l’habitat

Sur la base des informations recueillies, les organisations de gestion des ressources consultent la Direction des pêches, discutent des mesures à prendre pour améliorer l’habitat des ressources halieutiques avec la participation des habitants, et formulent un projet de plan d’activité. Les mesures visant à améliorer l’habitat des ressources halieutiques sont les suivantes :

⚫︎ Création d’aires marines protégées et de zones de pêche réglementées dans le but de conserver l’habitat des espèces importantes pour l’industrie de la pêche, en particulier les juvéniles

7. Aires marines protégées (y compris parcs nationaux) établies au Sénégal

Nom d'aires marines protégéesDate de mise en placeSuperficie totale (ha)Organisme de tutelleObjectif majeur
Parc National de la Langue de Barbarie1976.1.92,000GouvernementConservation de la biodiversité, Protection des tortues de mer, Recherche scientifique, Promotion du tourisme
Parc National des îles de la Madeleine1976.1.1615GouvernementConservation de l'environnement naturel et de la biodiversité
Réserve Naturelle de Popenguine1986.5.211,009GouvernementRestauration du milieu naturel endommagé par l'activité humaine et la sécheresse
Parc National/Réserve de biosphère du Delta du Saloum1976.3.2873,000GouvernementConservation de la diversité des écosystèmes et de la biodiversité, Restauration des écosystèmes, Conservation du patrimoine culturel
Aire Marine Protégée de Saint-Louis2004.11.449,600CogestionConservation de la diversité des écosystèmes, Amélioration des captures et des impacts socio-économiques
Aire Marine Protégée de Kayar2004.11.417,100CogestionConservation de la diversité des écosystèmes,
Amélioration des captures et des impacts socio-économiques
Aire Marine Protégée de Joal2004.11.417,400CogestionConservation de la diversité des écosystèmes,
Amélioration des captures et des impacts socio-économiques
Aire Marine Protégée d'Abène2004.11.411,900CogestionConservation de la diversité des écosystèmes,
Amélioration des captures et des impacts socio-économiques
Aire Marine Protégée Communautaire de Bamboung2004.11.47,000CogestionConservation de la diversité des écosystèmes,
Amélioration des captures et des impacts socio-économiques,
Promotion du tourisme et offre des moyens de subsistance
Source: SEKINO Nobuyuki « Les aires marines protégées pour qui : sur le terrain des pêcheries d'Afrique de l'Ouest », Edition Shinsensha, 2014, pp.46-47

⚫︎ Création d’habitats en posant des blocs de béton ou des roches naturelles comme récifs artificiels pour les poissons sur les fonds marins dans les zones de pêche réglementée

22. Installation de récifs artificiels et établissement de zones de pêche réglementée

6 récifs artificiels en blocs de béton de 3m de côté ont été placés sur une circonférence de 30m de diamètre au large de Bargny dans Petite-Côte et des roches naturelles pesant 500kg chacune ont été placées sur 130m3 à l’intérieur de cette zone pour créer un monticule conique avec un diamètre de base de 13m et une hauteur de 3m. Après l’installation des récifs, la DPM et le CRODT ont mené des activités de sensibilisation auprès des pêcheurs de la zone et un comité de gestion composé de représentants des pêcheurs des 5 villages côtiers (Rufisque, Sendou, Menam, Yène et Bargny) a été formé. Le comité, sur le conseil du CRODT, a imposé une interdiction totale de la pêche dans la zone où les récifs avaient été installés afin de protéger les ressources, et a inscrit cette mesure dans l’arrêté départemental de Rufisque.

Recueil de cas (cas 3-9)

⚫︎ Plantation de mangroves pour servir d’une zone de nursery pour les poissons, etc.

23. Gestion durable des ressources communales à l’aide de récifs artificiels de poissons

Un modèle de gestion communautaire des ressources par l'installation de récifs artificiels a été mis en œuvre dans la communauté du village de Yen en 2004-2005 : 75 blocs de béton et paniers à serpents d'un poids total de 5 tonnes ont été fabriqués, et la population locale a elle-même installé ces récifs artificiels au large de la côte de Yen. Les activités de gestion des ressources communautaires utilisant ces récifs artificiels comme outils ont été continuellement mises en œuvre par la population locale jusqu'en 2022. En réalité, au-delà de cette motivation continue de la population locale à poursuivre les activités de gestion des ressources, les récifs artificiels de poissons sont devenus un véritable symbole au-delà de leur fonction directe, et ils ont fonctionné comme un pilier externe pour renforcer l'organisation au sein de la communauté et comme outil de promotion de la communauté elle-même.

Recueil de cas (études de cas 3-10)

20. Conservation des zones de nursery pour les poissons, etc. grâce à la plantation de mangroves

Dans le village de Djirnda dans le delta du Saloum, au centre du Sénégal, les femmes ont commencé à planter volontairement des palétuviers vers 1990. En effet, elles avaient le sentiment que les mangroves autour de leur village se détérioraient et que la pêche était en déclin. Les mangroves plantées par les femmes ont atteint 1 à 2 mètres au cours des 10 premières années. La plantation de mangroves lancée par les femmes du village a été soutenue par un projet de la JICA, puisqu'elles voulaient étendre leur forêt de mangroves.

Recueil de cas (cas 3-11)

Mangroves près du village de Jirunda avec des racines d’arbres en croissance.

Expliquer le projet de plan d’activité aux communautés et obtenir leur compréhension et leur adhésion

Les organisations de gestion des ressources expliquent le projet de plan d’activité aux communautés côtières pour obtenir leur compréhension et leur adhésion. Elles choisissent des collaborateurs pour les activités. Avec ces collaborateurs, ils discutent ensuite du projet de plan d’activité avec les responsables des gouvernements central et local puis établissent un calendrier des activités et un projet de règles de mise en œuvre. Lorsque des récifs artificiels sont mis en place, il est souhaitable de faire des zones environnantes des aires protégées ou des zones de pêche réglementée. Il convient donc d’obtenir le consentement des habitants et de négocier avec les ministères concernés pour obtenir leur coopération. Les agences gouvernementales envisagent l’adoption du projet de plans d’activités et des calendriers élaborés par les organisations de gestion des ressources dans le cadre d’un arrêté. Le gouvernement et les bailleurs de fonds sont sollicités pour accorder les fonds et les équipements nécessaires.

21. Considérations relatives à l’installation de récifs artificiels et à la plantation de mangroves

Les récifs artificiels et les forêts de mangroves avec l'objectif de créer des lieux de croissance pour les poissons côtiers, etc. peuvent être aménagés dans une AMP parce que l'établissement de l'AMP facilite la réalisation de l'objectif de ces mesures. Les points suivants doivent être pris en compte lors de l'installation de récifs artificiels ou de la plantation de mangroves.

  • ・L'installation de récifs artificiels sur des récifs naturels qui constituent déjà un habitat pour les poissons, etc. entraîne la destruction des récifs naturels. Lorsque des récifs artificiels sont installés, il est nécessaire de veiller à ce qu'ils soient dans un fond sableux ou boueux.
  • ・Les zones d'eau peu profonde sont plus touchées par les vagues. Les récifs artificiels doivent être installés dans des eaux d'une profondeur de 10 m ou plus.
  • ・Si des récifs artificiels sont installés dans des plans d'eau utilisés par les pêcheurs environnants comme lieux de pêche et définis comme zones de pêche réglementée, des problèmes avec les pêcheurs locaux peuvent apparaître. Il est nécessaire de sélectionner un endroit non utilisé comme lieu de pêche pour l'installation de récifs artificiels.
  • ・Lors de la plantation de mangroves, il est naturel de choisir un habitat approprié pour les mangroves. Il est conseillé de choisir une zone où les forêts de mangroves étaient autrefois étendues mais ont été réduites ou perdues en raison de l'exploitation forestière ou d'autres raisons.

24. Installation de récifs artificiels pour aménager des zones de nursery dans une aire marine protégée

En novembre 2004, le gouvernement sénégalais a créé une aire marine protégée (AMP) à Joal dans la Petite-Côte. L'objectif était de restaurer ou d'augmenter les stocks dans l'AMP en protégeant les poissons géniteurs par l'interdiction de la pêche et la réglementation des méthodes de pêche dans l'AMP. Étant donné que la zone côtière de Joal possède peu de récifs naturels et abrite un fond marin monotone, le CLPA de Joal a donné un avis selon lequel il serait approprié de mener des activités d’immersion de récifs artificiels dans l'AMP afin d’y aménager des frayères et des lieux de croissance des ressources halieutiques.

Recueil de cas (cas 3-12)

L’installation  de récifs artificiels
L’installation  de récifs artificiels