Cas

Cas 2-1 Cas d’organisation de pêcheurs de leur propre initiative contre les intermédiaires : le cas de Kayar (Grande-Côte).

Mots-clés

Kayar, pêche à la ligne, conseils de gestion de la pêche, limites de capture, prévention de la surpêche, effondrement du prix du poisson

Contexte

Pendant de nombreuses années, les pêcheurs ont mené des activités de gestion de la pêche de leur propre initiative à Kayar en Grande-Côte au Sénégal. Dans quel contexte cela s’est produit ? Ici, nous allons expliquer comment s’est formée l’organisation de gestion des ressources halieutiques à Kayar.

Contenu

À Kayar, situé dans la Grande-Côte, les pêcheurs s’organisent et gèrent la pêche de leur propre initiative depuis de nombreuses années. Sur la Grande-Côte où l’isobathe est parallèle à la ligne côtière, seul l’estran de Kayar présente une topographie où la vallée sous-marine entaille profondément le littoral, formant un lieu de pêche propice. De nombreux pêcheurs artisanaux des zones environnantes viennent ici avec leurs pirogues pour pêcher dans ces eaux. La mer de Kayar a une histoire alternée de conflits entre les pêcheurs locaux et les pêcheurs migrants au sujet de ses riches ressources halieutiques et de création d’un ordre dans la gestion des pêcheries.

Au Sénégal, la monnaie (le franc CFA) a été dévaluée de 50% en janvier 1994, entraînant une hausse temporaire des prix et une pression sur les moyens de subsistance de la population. Dans le même temps, le prix du poisson à Kayar a chuté, provoquant une baisse de la valeur des captures et les pêcheurs n’étant pas en mesure de réparer leurs moteurs cassés. Les pêcheurs de la pêche à la ligne de Kayar ont formé un comité de gestion des pêches de Kayar, qui a uni les pêcheurs pour obtenir une augmentation du prix du poisson acheté par les mareyeurs. Cette expérience de réussite explique le contexte des activités ultérieures du comité de gestion des pêches de Kayar.

À l’époque, le comité de gestion des pêches de Kayar a décidé de sa propre initiative que ses opérations de pêche à la ligne devaient être (1) limitées à trois boîtes (45 kg) par bateau et par jour, (2) sanctionnées par une amende en cas de débarquement de plus de trois boîtes, (3) interdites de capture de petits poissons, (4) interdites de pêche au filet maillant et (5) autorisées à pêcher après 5 heures du matin. Cette gestion volontaire des activités de pêche est mis en œuvre à Kayar depuis de nombreuses années.

Ainsi, un facteur direct de la création du comité de gestion des pêches à Kayar a été de s’unir et de négocier l’augmentation des prix du poisson avec les mareyeurs en réponse aux faibles prix du poisson. De plus, en régulant la quantité de poissons pêchés, il a permis d’éviter un effondrement des prix du poisson et de prévenir la surexploitation des ressources.

Savoir acquis

La motivation directe des pêcheurs de Kayar pour mettre en place volontairement un comité de gestion des pêches était de s’unir et de négocier les prix avec les mareyeurs. Le comité a décidé d’imposer des limites de capture de sa propre initiative, ce qui a permis d’éviter que les prix du poisson ne s’effondrent, et ses activités ont finalement favorisé l’utilisation durable des ressources.

Chapitre du guide relatif à cette étude de cas

Chapitre 2 Etablissement et renforcement du système de mise en œuvre de la gestion des ressources

2.1 Mise en place et renforcement des organisations de gestion des ressources
Le choix des premiers villages de la zone cible pour la gestion des ressources est important pour sa diffusion ultérieure. Au fur et à mesure que les activités progressent, les informations les concernant sont diffusées aux communautés environnantes. Si les activités sont bien accueillies, le nombre de personnes intéressées dans les communautés environnantes augmentera et la zone couverte par les activités s’étendra progressivement. Le succès ou l’échec des activités dans le premier village sélectionné influencera grandement l’efficacité de leur diffusion ultérieure.

Situation à laquelle cette étude de cas pourrait se référer

Afin de gérer conjointement les ressources halieutiques, il est nécessaire de disposer d’une certaine forme d’organisation au sein de laquelle les utilisateurs des ressources unissent leurs forces à celles des organes administratifs compétents pour mener à bien les activités. À ce stade, les organisations de résidents existantes, créées à l’initiative des résidents eux-mêmes, peuvent être utilisées comme exemples d’organisations qui ont été créées parce qu’elles étaient nécessaires et qui peuvent constituer une organisation prometteuse pour prendre en charge les activités de gestion des ressources.