Cas 3-6 Promouvoir le renouvellement de certaines ressources par l’établissement d’aires protégées : le cas de la première espèce marine protégée établie au Sénégal.

Bamboun Zone de Protection des Ressources Marines, Communauté Villageoise de Toubacouta, Océanium, Légitimité, Écotourisme, Écolodge, Accès Ouvert

En 2001, une aire marine protégée a été créée dans le chenal de Bamboun et les forêts de mangrove environnantes dans le delta du Saloum, au centre du Sénégal. Comment a-t-elle été créée et quels sont ses enjeux ?

L’aire marine protégée de Bamboun est constituée du chenal de Bamboun et des forêts de mangrove environnantes dans le delta du Saloum, avec une zone de frai de poissons bien connue. Le chenal de Bamboun mesure 12 km de long, 50 à 500 m de large et 0 à 15 m de profondeur. En 2001, la communauté du village de Toubacouta, en présence du gouverneur du département de Foundiougne et du chef de l’arrondissement de Toubacoutas, a adopté une proposition visant à établir une première aire marine protégée du Sénégal et ce, à l’initiative de l’ONG environnementale sénégalaise Oceaneum.

Des affiches, des autocollants et des T-shirts ont été distribués, des films ont été projetés et des radios privés ont été utilisées pour sensibiliser le public. En 2003, le chenal de Bamboun a été désigné comme zone interdite à la pêche et les habitants locaux ont commencé des activités de surveillance de la zone. Le chenal de Bamboun et ses bassins ont ensuite été reconnus comme aire marine protégée nationale par le décret n° 2004-1408 du 4 novembre 2004.

L’aire marine protégée de Bamboun est gérée conjointement par l’Etat et les collectivités locales et est administrée par un comité de gestion et un comité de surveillance composés d’habitants locaux. Pour compenser la perte économique des pêcheurs due aux restrictions des activités de pêche, et pour assurer l’emploi de la population locale et les coûts d’entretien de la réserve, l’Oceanium a introduit l’écotourisme et construit des écolodges gérés par la communauté.

L’aire marine protégée de Bamboun a été créée par consensus des habitants, et les bénéfices de l’écotourisme compense les pertes économiques de la population locale et la surveillance communautaire volontaire est effectuée. À première vue, cela semble être une aire marine protégée idéale. Cependant, elle pose un certain nombre de problèmes. La contrainte de temps liée au fait que le projet est géré par une ONG environnementale a donné lieu à une explication insuffisante aux habitants et à un écart de compréhension entre les villages. Il existe également un autre écart de compréhension sur l’utilisation du chenal entre les pêcheurs migrants qui considèrent que la mer est en accès libre et les pêcheurs locaux qui pensent que la mer locale appartient au village. La légitimité des parties prenantes d’intérêts autour de l’aire marine de Bamboun est ébranlée.

Lorsqu’une aire marine protégée d’initiative extérieure est établie, l’organisation des habitants responsable de son fonctionnement et de sa gestion est souvent une “communauté créée” par des intérêts extérieurs. Ceux qui ont le pouvoir politique local ou la capacité de négocier avec le monde extérieur ont tendance à prendre l’initiative, et la légitimité de l’aire marine protégée elle-même peut être remise en question par la suite.

Chapitre 3 Mise en œuvre des mesures de gestion des ressources

3.1.2 Recours à de nouvelles ressources

Les méthodes visant à encourager le recrutement de nouveaux stocks comprennent des activités de protection des poissons géniteurs, telles que l’établissement de périodes de fermeture, de sanctuaires de stocks et de zones de restriction de la pêche, et la création de frayères, ainsi que des activités de protection des petits poissons de taille inférieure, telles que la remise à l’eau des poissons de taille inférieure et la réglementation des engins de pêche ciblant les poissons de taille inférieure.

Il peut être utilisé comme cas de référence lorsqu’il s’agit de mener des activités de gestion des ressources pour encourager le recrutement de nouvelles ressources par l’établissement de zones de protection des ressources et de zones de pêche. Il contient des suggestions importantes pour la prise en compte de la légitimité des résultats des activités, en particulier lorsque les activités sont menées par des acteurs externes tels que les ONG environnementales.