2.3 Formation desRenforcement de la collaboration entre plusieurs métiers, organisations et villages de pêcheurs
Dans une pêche ciblant une ressource qui se déplace et migre sur une large zone de l’océan, si un village de pêcheurs limite ses prises, mais que les autres continuent à pêcher sans restriction, la ressource ne se reconstituera pas et il y aura un sentiment d’inéqalité entre les villages de pêcheurs ; ce qui aura pour conséquence que personne ne respectera la gestion de la ressource. Par exemple, pour pêcher les sardinelles (appelées localement yaboi), qui migrent du nord au sud sur la Grande Côte en fonction de la saison, les pêcheurs se déplacent avec la migration du banc de poissons, les capturent et les débarquent sur la plage la plus proche, où ils sont vendus comme poissons frais ou transformés. Dans ce cas, toutes les communautés de pêcheurs de la zone où le banc de poissons se déplace doivent être couvertes par la gestion des ressources.
Même lorsqu’une ressource est sédentaire, les pêcheurs résidant dans la communauté la plus proche de la zone de pêche ne sont pas les seuls à utiliser ces ressources, mais des pêcheurs d’autres localités peuvent se rendre dans la zone en tant que pêcheurs mobiles et capturer la même ressource, parfois en utilisant des méthodes de pêche différentes. Par exemple, il a été rapporté que les pêcheurs locaux utilisent des filets maillants pour pêcher le cymbium (cymbium, connu localement sous le nom de yet) de la Petite-Côte, mais que des pêcheurs extérieurs visitent la zone et plongent pour les capturer. Dans ce cas, même si la ressource est sédentaire, les communautés de pêcheurs auxquelles appartiennent tous les pêcheurs utilisant la même ressource doivent faire l’objet d’une gestion.
Ainsi dans cette situation, lorsque la gestion des ressources sur une large zone est nécessaire, la collaboration entre les communautés de pêcheurs dans le but d’une cogestion des ressources est recherchée. Les acteurs qui prendront la tête de la gestion des ressources par la collaboration entre plusieurs villages de pêcheurs devraient être les différents groupes professionnels qui composent les organisations de gestion des ressources et leurs leaders, mais au départ, il est probable que ce soient les membres des organisations qui prennent l’initiative des activités de gestion des ressources, comme la Direction des pêches, les collectivités locales et les bailleurs de fonds. Il s’agit notamment de la Direction des pêches (centrale, régionale, départementale, d’arrondissement) qui fournit le cadre juridique, et des instituts de recherche gouvernementaux qui fournissent un soutien théorique à la distribution et à l’abondance des ressources qui y participent.
Ce qui suit décrit comment les membres des organisations qui promeuvent les activités de gestion des ressources, telles que la Direction des pêches, les collectivités locales et les bailleurs de fonds, peuvent travailler avec les organisations de gestion des ressources pour renforcer la collaboration entre les villages de pêcheurs.
- Fournir une “opportunité” de discuter des questions liées à la collaboration entre les localités
- Clarifier le champ de collaboration et partager la connaissance des enjeux
- Commencer la collaboration lorsqu’elle est réalisable
- Assurer davantage les résultats de la collaboration par arrêté, etc.
Fournir une “opportunité” de discuter des questions liées à la collaboration entre les localités
Des informations seront recueillies sur les activités de gestion des ressources qui nécessitent une collaboration entre les villages de pêcheurs en raison de la nature des ressources à gérer, et une “opportunité” sera créée pour que ces communautés se rencontrent pour identifier les problèmes et discuter de la collaboration dans les activités de gestion des ressources. On suppose qu’il existe des cas où certains problèmes se sont déjà produits, et des cas où les problèmes ne sont pas encore apparus mais où l’on craint qu’ils ne se produisent à l’avenir.
Lorsque des problèmes sont déjà apparus, l’intervention d’une tierce partie, telle qu’une agence gouvernementale, dans les discussions peut permettre d’engager des discussions constructives. Certaines communautés de pêcheurs peuvent ne pas être intéressées par les activités de gestion des ressources si aucun problème n’est apparu. Dans ces cas de figure, les leaders des communautés de pêcheurs qui mettent déjà en œuvre des activités de gestion des ressources peuvent partager leurs expériences sur ce que signifie la gestion des ressources, comment elle est réalisée, pourquoi elle est nécessaire, les avantages futurs, et comment ils ont surmonté les défis techniques et économiques dans le passé. Ces activités permettront de sensibiliser les communautés de pêcheurs désintéressées et de créer une dynamique de collaboration.
12. Les réunions régulières via “zoom“ offrent des “opportunités” de partage d’information
COPAO, un projet de la JICA, a mené une campagne de lâcher de cymbium juvénile dans quatre villages - Lompoul et Fass Boye à Grande-Côte, et Djiffer et Nianing à Petite-Côte - afin de susciter l'intérêt des habitants pour la ressource en cymbium. Petite-Côte, où les entreprises d'exportation de fruits de mer achètent et exportent du cymbium depuis le début des années 2000, et Grande-Côte, où le cymbium ne sera plus qu'une prise accessoire pour la pêche au filet maillant de fond à partir de 2023, sont à des stades différents de commercialisation du cymbium et ont des connaissances empiriques différentes des activités de gestion de cette ressource. Pour cette raison, une réunion mensuelle via zoom a été organisée pour les quatre villages menant la campagne de relâchement de juvéniles de cymbium afin de fournir une "opportunité" d'échanger des informations, d'informer la communauté de pêcheurs de Grande-Côte de l'expérience de Petite-Côte et de renforcer la coopération entre les communautés de pêcheurs.
Clarifier le champ de collaboration et partager la connaissance des enjeux
Les représentants de plusieurs communautés de pêcheurs se réunissent pour discuter et identifier où se situe le problème, ainsi que la portée des activités visant à résoudre le problème, qu’il s’agisse d’une collaboration entre plusieurs villages de pêcheurs au sein du département, dans plusieurs départements ou dans plusieurs régions. Ces activités sont importantes dans la mesure où elles permettent de mettre en lumière les problèmes potentiels, de clarifier où ils se situent et de créer une prise conscience commune des problèmes parmi les parties prenantes.
Lorsque la nature du problème nécessite des activités de gestion des ressources nationales, par exemple lorsque l’une espèce cible se déplace au-delà des frontières de la région ou lorsque les pêcheurs sont attirés par une zone de pêche très poissonneuse au-delà des frontières de la région, les agences gouvernementales telles que le Ministère des Pêches et de l’Economie Maritime sont sollicitées. Dans ce cas de figure, les organisations de gestion nationales telles que le Bureau Exécutif National des réseaux des CLPA au Sénégal jouent un rôle majeur.
13. Collaboration élargie entre les organisations de gestion des ressources communautaires (CLPA) au Sénégal
Au Sénégal, la création du Bureau Exécutif National du réseau des CLPA a été le résultat de la dynamique créée par chaque CLPA ayant approfondi sa compréhension des activités de gestion des ressources, pour partager les informations avec les acteurs concernés, et pour établir un système de gestion des ressources à grande échelle qui réponde aux caractéristiques et aux tendances des ressources cibles.
Commencer la collaboration lorsqu’elle est réalisable
Avec le soutien des structures qui encouragent les activités de gestion des ressources, telles que l’administration des pêches, les collectivités locales et les bailleurs de fonds, les leaders de chaque village de pêcheurs doivent discuter avec les leaders d’autres villages de pêcheurs et commencer à collaborer lorsque cela est possible. En effet, plus la collaboration est fructueuse ne serait-ce qu’à petits pas, plus les communautés de pêcheurs environnantes s’y intéressent. Grâce à ces efforts continus, le contenu de la collaboration sera progressivement amélioré et sa portée sera étendue.
Assurer davantage les résultats de la collaboration par arrêté, etc.
Le leader de chaque village de pêcheurs demande le soutien des administrations à chaque occasion et s’assure que les accords sur les activités de gestion des ressources entre les communautés de pêcheurs sont applicables en tant qu’arrêté départemental ou régional, avec la coercition comme quoi les pénalités pour les opérations non conformes devenant juridiquement efficaces. Les administrations telles que la Direction des pêches et les collectivités locales devraient être impliquées dans le processus de collaboration entre les communautés de pêcheurs dès le début afin de s’assurer que la collaboration va dans la bonne direction, et de soutenir le cadre juridique et la coordination des organisations concernées pour garantir que le résultat de la collaboration soit plus efficace.