1.1 Identification des défis de la gestion des ressources

C’est le processus par lequel, les agents de vulgarisation de l’administration des pêches au niveau central et déconcentré, avec les autres parties prenantes (la recherche, les collectivités territoriales, les bailleurs de fonds et les acteurs communautaires…), collaborent pour comprendre la situation actuelle et identifier les défis rencontrés dans la gestion des ressources, puis partager ces informations.

Comment lancer des activités de gestion des ressources

À l’heure où l’utilisation durable des ressources et les problèmes environnementaux sont remis en question à l’échelle mondiale, les activités de gestion promouvant l’utilisation durable des ressources halieutiques sont devenues inévitables. Dans ce contexte, lorsque nous lançons des activités de gestion des ressources, le faisons-nous pour traiter dans l’immédiat un défi administratif ou pour tout autre défi?

Selon la situation, des déclics des activités peuvent être divers. Quoi qu’il en soit, si vous commencez des activités dans une zone spécifique, que vous vous engagiez auprès de la population locale et des utilisateurs des ressources halieutiques, que vous compreniez l’état actuel de l’utilisation des ressources, vous constaterez qu’il y a certains défis et que des activités sont nécessaires pour les surmonter. Par conséquent, la première chose à faire au début des activités de gestion des ressources est de clarifier les défis qui existent et de les partager entre les parties prenantes.

1. Mesures à prendre si le problème est réellement apparu

Lorsqu'on essaie de mener des activités de gestion des ressources dans une zone spécifique, il peut y avoir des phénomènes réels tels que des conflits entre pêcheurs sur les lieux de pêche, des opérations illégales fréquentes de la part des pêcheurs migrants, ou une gestion difficile de foyers de pêcheur en raison de la diminution de la taille ou de la réduction des ressources cibles. Dans ce cas, une discussion doit être organisée entre les membres de la communauté et les parties prenantes de la pêche dans la zone cible afin de clarifier les causes du phénomène. Il n'y a pas toujours une cause unique à un phénomène, mais souvent une combinaison de facteurs. En outre, il n'est pas rare que l'interprétation d'un phénomène diffère selon la position de l'interlocuteur. C'est pourquoi nous avons besoin d'un éventail de sources d'information aussi large que possible afin de comprendre le contexte et les facteurs à l'origine des défis. L'organisation d'ateliers réunissant des parties prenantes variées peut être un moyen efficace d'y parvenir. La première étape des activités de gestion des ressources consiste à partager les connaissances acquises grâce à ces activités avec les parties prenantes.

Comment sélectionner des sites pour les activités

Le choix des premiers villages dans une zone cible pour la gestion des ressources est important pour la diffusion ultérieure des activités de gestion des ressources. Le succès ou l’échec des activités dans les premiers villages aura un impact significatif sur la vulgarisation ultérieure des activités de gestion des ressources. Au fur et à mesure que les activités progressent, des informations sur les activités sont diffusées aux communautés environnantes. Si les activités sont bien accueillies, le nombre de personnes intéressées dans les communautés environnantes augmentera, et la zone cible des activités s’élargira progressivement. Le choix initial des sites des activités aura un impact important sur la diffusion ultérieure des activités.

Les individus, les groupes, les institutions et les organisations qui prennent l’initiative de la gestion des ressources, tels que les administrateurs de la pêche, les agents des collectivités locales et les bailleurs de fond, doivent tenir compte des critères de sélection suivants lorsqu’ils choisissent des sites pour leurs activités.

  • ・Les habitants éprouvent un fort sentiment d’urgence face à des défis qui se sont déjà posés, tels que le conflit entre pêcheurs, la diminution des ressources et la difficulté de la gestion familiale de pêcheurs.
  • ・Le leadership des responsables de pêcheurs et des autres leaders des habitants est fort.
  • ・Le nombre de pêcheurs, les types de pêche et les espèces capturées sont limités et le mode de pêche, peu compliqué.
  • ・le site n’est pas loin des bureaux administratifs et est facilement accessible.

1. Critères de sélection des villages de pêcheurs cibles des activités de gestion de ressources

Lors de la mise en œuvre de la cogestion communautaire des ressources halieutiques, comment doit-on sélectionner le premier village (la première communauté) à démarrer les activités ? Dans l'étude sur l'évaluation et la planification de la gestion des ressources halieutiques menée par la JICA de 2003 à 2006, les critères de sélection des premiers villages de pêcheurs cibles pour le projet pilote étaient les suivants : (1) prise de conscience des pêcheurs vis-à vis de la gestion des ressources, (2) cohésion des organisations de pêcheurs existantes, (3) composition des ressources cibles, (4) taille des villages de pêcheurs et (5) accès aux marchés, etc.

Recueil de Cas (cas 1-1)

Comment identifier les défis

Quelle méthode possible pour identifier les défis potentiels qui ne sont pas encore clairs, ou  pour comprendre le contexte et les causes des problèmes qui se sont déjà produits ? Comme mentionné plus haut, l’un des moyens est d’organiser un atelier où toutes les parties prenantes peuvent se réunir et partager leurs idées et leurs expériences. Un autre moyen est de mener une enquête en utilisant diverses méthodes pour identifier les défis.

⑴ Méthode par atelier

Afin de comprendre les défis, les parties prenantes telles que les pêcheurs, les femmes transformatrices et les administrateurs de la pêche se réunissent pour un atelier de type participatif afin de discuter des problèmes existant dans la mise en œuvre des activités de gestion des ressources, des facteurs impliqués dans ces problèmes, des personnes impliquées dans ces problèmes et des solutions à mettre en œuvre aux problèmes qui doivent être résolus? Une façon de mener un atelier est de recourir à la méthode de gestion du cycle de projet (GCP), qui comprend une analyse des parties prenantes pour identifier les personnes concernées et une analyse des problèmes pour élaborer un arbre des problèmes.

Comprendre la situation actuelle et collecter des informations à l’aide de la méthode PRA
Atelier de formulation de plan d’action

1. Analyse des parties prenantes, analyse des problèmes et analyse des objectifs de la méthode de GCP

Analyse des parties prenantes

Il existe une variété de parties prenantes dans l'industrie locale de la pêche, notamment les pêcheurs, les villageois, les distributeurs, les transformateurs et les pêcheurs des villages environnants. Leurs relations étant souvent complexes, les caractéristiques des parties prenantes et leurs relations seront clarifiées sur la base des opinions des participants à l'atelier.
Les informations obtenues à partir de l'état des lieux sont utiles à l'animateur de l'atelier1 pour comprendre la pensée des parties prenantes sur le terrain et pour orienter l'atelier dans la bonne direction.

Analyse des problèmes et analyse des objectifs

Les participants à l'atelier sont invités à noter les problèmes des ressources halieutiques et des pêches autour du site cible, et les relations entre eux sont mises en ordre par tous les participants (analyse des problèmes).
Les états résolus de chaque problème dégagé sont notés et mis en ordre (analyse des objectifs).
Il s'agit d’une méthode permettant de trouver des solutions à des problèmes vastes et complexes en les subdivisant et en les simplifiant.

⑵ Méthode par enquête

Il existe deux types d’enquêtes : enquête documentaire et enquête sur le terrain. Dans l’enquête documentaire, les informations sur la population, le nombre de pêcheurs, les statistiques de pêche, etc. de la zone cible sont collectées en vérifiant les données disponibles auprès des autorités compétentes. Si des données datées de plusieurs années sont disponibles, des tableaux et des graphiques peuvent être établis pour montrer les évolutions dans le temps. L’enquête de terrain est l’occasion de collecter des données et des informations qui ne peuvent être obtenues sans se rendre sur place. Il s’agit notamment d’interview de groupe, de méthode de recherche participative rurale (MRPR), de méthode accélérée de recherche participative rurale (MARPR), d’enquête par questionnaire et de visite sur le terrain, en fonction de la situation et des informations requises.

2. Contenu des informations requises pour l’enquête

Pour comprendre les défis des activités de gestion des ressources halieutiques, il est nécessaire de comprendre la situation socio-économique en plus des activités de pêche dans la zone cible. Par exemple, afin d'aborder un défi de " difficulté de la gestion familiale de pêcheurs", une enquête sur la pêche est menée pour comprendre les évolutions des quantités et de la valeur des prises de poisson entre le passé et le présent, et une enquête socio-économique est également menée pour comprendre les évolutions des prix et le coût de la vie des pêcheurs. En combinant les enquêtes sur la pêche et les enquêtes socio-économiques, nous sommes en mesure d'identifier le véritable défi de difficulté de la gestion familiale de pêcheurs et d'en analyser les facteurs. Le tableau ci-dessous montre quelques exemples d'informations qui seront obtenues à partir des enquêtes de pêche et socio-économiques.

Conditions socio-économiquesConditions de pêche
Conditions socialesConditions économiquesActivités de pêcheActivités de gestion des ressources
・Composition démographique

・Composition familiale

・Infrastructures sociales (transport, communication, école, hôpital)
・Recettes/Dépenses du foyer

・Moyens de subsistance

・Détails/Répartition du revenu
・Espèces cibles

・Méthodes de pêche

・Période de pêche
 
・Quantité de prises

・Prix de vente

・Infrastructure de pêche

・Canaux de distribution
・Fonctions des organisation des pêcheurs

・Relation avec les administrations

・Initiatives de la gestion des ressources (gestion des aires marines protégées (AMP). gestion de la taille du poisson, zone de pêche fermée, période de fermeture de la pêche)
 
・Surveillance et suivi

3. Procédure d’enquête sur le terrain

a) Avant de commencer l'enquête, l'objectif est expliqué aux principales parties prenantes, telles que les services déconcentrés de l’Etat, les sages des villages et les leaders des pêcheurs. Ainsi leur collaboration est demandée. Ensuite, sont identifiées les sources d'information qui ne sont pas disponibles par le biais de l’« enquête documentaire » ou qui ne peuvent être obtenues que localement. Les leaders des pêcheurs sont consultés pour confirmer le contenu et le calendrier de l'enquête et pour demander la sélection des participants aux interviews de groupe.

b) Les méthodes d'enquête peuvent être participatives ou par questionnaires. L'enquête par questionnaire est généralement utilisée pour collecter et analyser les données selon l'analyse statistique. Dans le cadre de l'enquête participative, les personnes cibles sont sélectionnées en fonction du contenu de l'enquête, et les défis de terrain sont identifiés par un échange d'opinions avec les personnes cibles.

c) Une méthode d'enquête ou une combinaison des deux méthodes d'enquête est choisie, en fonction de l'objectif et du contexte de l'enquête. Les villages de pêcheurs d'Afrique de l'Ouest sont composés d'une grande diversité de groupes ethniques. Il existe également une diversité de professions liées à la pêche, comme les propriétaires et les équipages de bateaux de pêche, et les femmes transformatrices. C'est pourquoi l'enquête participative est souvent appropriée, avec un choix flexible d'outils d'enquête en fonction du site.

d) Les méthodes d'enquête sociale comprennent la méthode de recherche participative rurale (MRPR) et la méthode accélérée de recherche participative rurale (MARPR). Les deux sont définies selon le niveau de participation des parties prenantes locales et leurs différents rôles dans l'enquête, mais il n'y a pas de différence en termes d'outils d'enquête de base utilisés dans l'enquête sur le terrain.

2. Comparaison de l’enquête participative et de l’enquête par questionnaire

Recherche participative et rapide (PRA, RRA)Enquête par questionnaire
DuréeCourte (quelques jours au minimum)Longue (1 an au maximum)
Position des parties prenantes localesParticipation en tant que partenaire à l'enquête sur le terrain (Participation active)Réponse au questionnaire en tant que personnes cibles (Participation passive)
Méthode d'enquêteInterview semi-structurée, outils visuels (calendrier, carte, etc.)Collecte de données et interview à l'aide du questionnaire
Méthode d'échantillonnageSélection des personnes cible en fonction de l'objectif de l'enquêteÉchantillonnage aléatoire basé sur des statistiques
Procédure d'analyseAnalyse et confirmation par des discussions avec les parties prenantes sur le site de l'enquêteCollecter les formulaires de réponse et les analyser par l'équipe de recherche

2. Identification des problèmes de gestion des ressources par le biais de questionnaires

Au début des activités, il est important de comprendre la prise de conscience, les besoins et les défis actuels des parties prenantes de la pêche visées en ce qui concerne la gestion des ressources, afin de faciliter la coordination des intérêts et l'établissement de consensus ultérieurs. Pour ce faire, l'enquête sur la prise conscience des personnes cibles des activités est un des moyens. Dans le projet COGEPAS de la JICA, qui a débuté en 2009, un état des lieux avant le début du projet et une étude finale à la fin du projet ont été menés, et une enquête par questionnaire a été menée pour comprendre les connaissances, l'expérience et l'initiative des pêcheurs cibles à l'égard de la gestion des ressources halieutiques.

Recueil de Cas (cas 1-2)

Partager les résultats de l’évaluation participative avec les parties prenantes

Lorsqu’une enquête est réalisée, il faut s’efforcer d’en expliquer le but à la population locale et de l’encourager à y participer activement dès la phase de mise en œuvre. Les résultats de l’enquête doivent être passés en revue et analysés, et des séances d’information doivent être organisées pour la population locale qui a coopéré à l’enquête. Dès le début des activités, il est important de faire prendre conscience à la population locale qu’elle est partie prenante des activités de gestion des ressources, et de favoriser l’appropriation par la population locale impliquée, afin de mettre en œuvre efficacement les activités ultérieures de gestion des ressources.

un fonctionnaire de pêche écoute les participants à l’atelier pour identifier les enjeux.
partager les enjeux identifiés avec les acteurs locaux
 

3. Partager les résultats de la recherche participative avec les parties prenantes

Une demande d'assistance a été reçue, principalement de la part de plongeurs du CLPA Dakar Ouest, qui souhaitaient mener des activités de gestion des ressources, étant donné que les dimensions des ormeaux collectés étaient devenues plus petites ces dernières années et que la quantité récoltée avait diminué d'année en année. En réponse, le COPAO, un projet de la JICA, ainsi que le personnel du Département des Pêches, ont tenu des discussions avec les principaux membres du CLPA depuis mai 2022. Afin d'obtenir une image réelle de l'état d'ormeaux tel qu'ils l'ont décrit verbalement, les dimensions des ormeaux débarqués ont été mesurées sur plusieurs sites de débarquement en coopération avec des plongeurs de la région. Il en est ressorti que 26 % des ormeaux débarqués avaient une longueur de coquille de moins de 45 mm et 51 % de moins de 50 mm, Les résultats ont été partagés avec les membres de CLPA.

Recueil de Cas (cas 1-3)

1. Au départ, l’atelier sera animé par une personne de l’administration en charge, du bailleur de fonds ou de l’ONG qui souhaite lancer des activités de gestion des ressources, mais il est souhaitable de passer le témoin progressivement à un responsable de terrain.