1.2 Conciliation des intérêts et établissement de consensus entre les parties prenantes
Outre les pêcheurs qui vivent de la pêche, les communautés de pêcheurs dans lesquelles la cogestion des ressources halieutiques est mise en œuvre comptent d’autres professions comme la transformation et la commercialisation (distributeurs). Ils n’ont pas tous les mêmes idées, et leurs intérêts varient. Pour cette raison, il est important d’identifier les parties prenantes impliquées, de comprendre leurs relations les unes avec les autres et de concilier leurs intérêts dans la gestion des ressources halieutiques de façon participative. Cette partie décrit les moyens par lesquels nous pouvons comprendre les relations entre les parties prenantes de la cogestion des ressources halieutiques, telles que les agents de vulgarisation de l’administration des pêches, les collectivités territoriales, les bailleurs de fonds, les leaders des pêcheurs et les leaders communautaires, et établir des mécanismes de concertation pour parvenir à un consensus.
- Identifier les parties prenantes et clarifier leurs relations
- Créer une “opportunité” de coordination d’intérêts
- Créer une “plateforme” de coordination d’intérêts
- Chercher un consensus par la conciliation des intérêts
Identifier les parties prenantes et clarifier en ordre leurs relations
A partir des informations obtenues dans le cadre des activités décrites dans la section 1.1 sur l’identification des défis de la gestion des ressources, une liste des parties prenantes dans la gestion des ressources halieutiques, y compris les personnes, les groupes, les organisations et les institutions dans le village de pêche cible et les zones environnantes, est dressée. Les informations provenant de la Direction des pêches et d’autres sources, ainsi que des entretiens avec les personnes cibles, seront utilisées pour clarifier et comprendre les intérêts des parties prenantes.
Créer une “opportunité” de conciliation d’intérêts
Dans le village ou la zone cible, une réunion (un atelier) avec toutes les parties prenantes devrait être organisée pour discuter de la manière de gérer les ressources cibles. Aussi, d’autres “opportunités” devraient être fournies pour encourager l’adhésion des parties prenantes et recueillir leurs opinions. Dans un premier temps, l’idéal est de commencer par des discussions à petite échelle entre amis partageant le même problème, puis d’élargir progressivement le cercle de discussion à chaque village de pêcheurs. Il vaut mieux prendre le temps de concilier les points de vue des parties prenantes ayant des intérêts divergents, de promouvoir la compréhension mutuelle entre les parties prenantes, et d’organiser autant de réunions de groupe et de villages de pêcheurs que nécessaire.
4. Comprendre les relations sociales dans la communauté lors de réunions et d’ateliers
Des réunions et des ateliers sont organisés pour comprendre les positions et les mentalités des leaders de chaque groupes professionnels au sein de la communauté de pêcheurs, etc. Au Sénégal, les acteurs de la cogestion concernent les groupes professionnels (pêcheurs, mareyeurs, les femmes transformatrices et les distributeurs) ainsi que les agents de l’administration et des collectivités territoriales, des politiciens et d'autres personnes localement influentes. Dans les villages de pêcheurs à grande échelle, les groupes peuvent être organisés par méthode de pêche, comme les groupes de pêcheurs à la senne coulissante et au filet maillant. A partir de leurs opinions, nous pouvons appréhender leurs mentalités et comprendre les relations sociales dans la zone cible.
Créer une “plateforme” de conciliation d’intérêts
Une “plateforme” doit être mise en place où les parties prenantes, les leaders de groupes ou d’organisations et les représentants des administrations concernées peuvent se rencontrer régulièrement (lorsque des problèmes surviennent) pour discuter et concilier leurs points de vue sur les défis identifiés dans les activités de gestion des ressources. Une structure formelle ou non, telle qu’un “conseil de concertation”, serait souhaitable, mais des réunions informelles peuvent être acceptables si les circonstances le justifient. La mise en place de la “plateforme” présente l’avantage d’inclure à la fois les parties ayant un intérêt direct sur la question et des tiers, comme les administrateurs compétents, de sorte que les ajustements d’intérêts puissent se faire de manière rationnelle. Il est important qu’il y ait une “plateforme” dès le début, où les principales personnes travaillant sur les défis peuvent discuter, et où les perceptions des participants sur l’importance des défis (y compris en cas de conflit d’intérêts) peuvent être partagées et ajustées. Les membres du conseil de concertation devraient comprendre des responsables des gouvernements central et local, des pêcheurs, des transformateurs et des distributeurs de produits de la pêche, ainsi que des représentants d’autres organisations concernées.
5. Le travail d’ajustement des opinions doit être effectué régulièrement en prenant suffisamment de temps
Les acteurs clés, notamment les leaders des pêcheurs, doivent d'abord échanger des informations et interagir avec leurs collègues les plus proches, puis étendre progressivement leur réseau. Il ne s'agit pas d'une ou deux consultations, mais d'une série d'échanges quotidiens répétés qui aboutiront ultérieurement à des résultats significatifs.
Chercher un consensus par la conciliation des intérêts
Il s’agira de :
Fournir une “plateforme” et une “opportunité” de consultation, tant formelle qu’informelle, et concilier patiemment les intérêts des parties prenantes pour les activités de cogestion des ressources halieutiques visant à résoudre les défis identifiés ;
Discuter des objectifs, des moyens et des procédures de mise en œuvre des activités et parvenir à une compréhension commune et à un consensus entre les membres constitutifs sur certaines approches des défis.
4. Développer un consensus sur les actions de gestion des ressources en ormeaux
Les dimensions des ormeaux de l'Atlantique collectés dans les eaux autour de Dakar ont diminué et la récolte a baissé au fil des ans. Afin de mettre en place des activités de gestion des ressources, les membres de CLPA Dakar Ouest ont mené des discussions depuis mai 2022 avec le COPAO, un projet de la JICA, et avec l'appui des responsables du Département des Pêches. Il a alors été convenu d'adopter deux méthodes. (i) la mise en place d'une période de fermeture de la pêche, et (ii) l'interdiction de la collecte d'ormeaux en dessous de dimensions spécifiées.