Cas

Cas 3-10 Amélioration de l’habitat par le biais de l’installation de récifs artificiels : Cas de Petite-Côte, au large de Yène

Mots-clés

récifs artificiels, modèle de gestion des ressources communes, blocs de béton, paniers en osier, patrouille participative, PRAO, comité de médiation des conflits, symbolisation de l’activité

Contexte

La communauté rurale de Yène est située dans le département de Rufisque, au Sénégal, et est composée de sept villages : Yène Todd, Yène Guedji, Yène Kao, Yène Nditakh, Nianghal, Kelle, et Toubab-Dialaw. Dans cette région, un modèle de gestion des ressources communes basé sur l’installation de récifs artificiels a été mis en place entre 2004 et 2005. 75 blocs de béton et l’équivalent de 5 tonnes de paniers en osier ont été fabriqués, et les habitants locaux les ont installés au large de Yène. Cette activité de gestion des ressources communes utilisant des récifs artificiels a été mise en œuvre par les habitants de la région jusqu’en 2022. D’où vient la motivation des habitants pour poursuivre ces activités de gestion des ressources ?

Contenu

Au début de l’installation de récifs artificiels, seuls 13 types de poissons pouvaient être observés dans les zones environnantes des récifs artificiels. Deux ans plus tard, on pouvait en observer 60. En 2005, un atelier a été organisé, réunissant des représentants de pêcheurs des zones environnantes de Rufisque, Bany, N’bour, et Nianing. A cette occasion ont été discutées des méthodes de gestion des zones de récifs artificiels. Puis il a été décidé de mettre en place des bouées à 7 et 11 kilomètres des récifs artificiels, créant ainsi une Zone d’Immersion des Récifs Artificiels (ZIRA) dans laquelle la pêche est interdite. De plus, il a été convenu de conduire des patrouilles participatives impliquant un agent de la pêche et des membres de la communauté pour surveiller et faire respecter les règles de cette zone. En 2015, le projet PRAO financé par la Banque mondiale a été mis en œuvre, fournissant des installations pour le reforcement des organisations de pêcheurs à Yène, ainsi qu’un bateau de patrouille pour les activités de surveillance. De plus, l’expansion de la taille des récifs artificiels avec 120 blocs de béton et 1800 paniers en osier a été entreprise. Plusieurs équipes de surveillance composées d’un agent de la pêche et de cinq membres de la communauté ont été formées, et une surveillance en mer a des lors pu etre effectuée tous les cinq jours. En cas de situation de navires en infraction, les contrevenants et les médiateurs de leur lieu d’origine se présentent devant le comité de médiation des conflits de la région de Yène pour discuter du conflit. Les résultats de ces discussions sont ensuite transmis à la Direction de la Pêche de Yène afin que soient prises des mesures légales.

Ces activités se poursuivent même une fois le projet PRAO parvenu a son terme. La gestion des ressources communes par le biais de l’utilisation de récifs artificiels a été continuellement mise en œuvre depuis 2004. La motivation constante des habitants pour les activités de gestion des ressources est un élément clé de cette durabilité. Selon les membres centraux de CLPA Yène, “Les récifs artificiels de Yène ont été fabriqués et immergés par nous, les pêcheurs. Nous voulions faire connaître cette activité de gestion des ressources à un plus grand nombre de personnes.” Leur fierté pour ces activités est évidente. Les pêcheurs de Yène sont profondément impliqués dans toutes les étapes du processesus, de la fabrication des récifs artificiels à leur immersion et à leur gestion ultérieure. En fin de compte, l’expérience de la fabrication, de l’immersion et de la gestion des récifs artificiels est ancrée chez les leaders des pêcheurs locaux.

Les activités de gestion des ressources utilisant les récifs artificiels servent également à renforcer la cohésion entre les villages et les pêcheurs de la communauté de Yène, les récifs artificiels faisant office de symbole renforçant cette unité inter-villageoise. De plus, lorsque des projets d’installation de récifs artificiels sont envisagés dans d’autres regions du Sénégal, des demandes de renseignements sont adressées aux leaders des pêcheurs de Yène pour bénéficier de leur expérience. Le savoir-faire dans la fabrication, le déploiement et la gestion des récifs artificiels en tant qu’outil de gestion des ressources communes est ancré chez les representants des pêcheurs impliqués dans ces activités, faisant des récifs artificiels un pilier incontournable pour le renforcement de l’organisation et de l’autonomisation des communautés locales.

Savoir acquis

Ce cas suggère que l’installation de récifs artificiels, visant à améliorer l’habitat des ressources aquatiques et à créer des zones de peuplement, peut parfois dépasser ses fonctions directes pour devenir un symbole, agissant comme pilier renforcant les organisations locales et contribuant au développement local.

Chapitre du guide relatif à cette étude de cas

Chapitre 3 Mise en œuvre des mesures de gestion des ressources

3.1.3 Amélioration de l’habitat

Les méthodes visant à améliorer l’habitat des ressources comprennent la création de zones de préservation ou de zones de restriction de la pêche visant à protéger les zones d’alevinage, la création d’habitats par le biais des récifs artificiels ainsi que la reforestation de mangroves pour créer des nurseries.

Situation à laquelle cette étude de cas pourrait se référer

En plus d’être utilisé comme exemple efficace de l’utilisation de récifs artificiels en tant qu’outil de gestion des ressources communes, ce cas peut également être utilisé pour demontrer comment l’utilisation d’un quelconque outil dans la pratique de la gestion des ressources communes peut devenir une expérience ancrée dans les connaissances locales, fonctionnant comme un nouveau pilier de renforcement de l’organisation interne et contribuant au développement local.