2.1 Mise en place et renforcement des organisations de gestion des ressources
Il existe différentes formes d’organisations pratiquant la gestion des ressources halieutiques, notamment le comité de gestion des pêches mis en place volontairement par les pêcheurs de Cayar, les comités de plages mis en place dans les villages du delta du Saloum à l’initiative de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), et les Conseils Locaux de Pêche Artisanale (ci-après, CLPA) qui ont été promus au Sénégal ces dernières années par le Ministère en charge des pêches..
Cette section décrit comment établir une organisation qui représente les opinions et la volonté de la population afin de mettre en œuvre des activités de gestion des ressources halieutiques ciblant la pêche artisanale côtière.
- Examiner la structure organisationnelle de la gestion des ressources
- Former ou réorganiser la structure de gestion des ressources
- Renforcer l’organisation par des activités quotidiennes
Examiner la structure organisationnelle de la gestion des ressources
Les structures et organisations qui promeuvent la cogestion des ressources halieutiques, telles que les Directions techniques, les collectivités territoriales, les bailleurs de fonds, ou les organisations professionnelles et communautaires de la zone cible, détermineront si les organisations existantes peuvent prendre en charge la cogestion des ressources halieutiques. A défaut elles peuvent envisager la nécessité de créer de nouvelles organisations. Au besoin, le conseil de concertation1 (décrit à la section 1.2), créé en tant que “plateforme” pour la conciliation des intérêts entre les parties prenantes, peut jouer ce rôle.
Dans certains cas, comme celui des pêcheurs de Kayar, situé dans la Grande-Côte, ils se sont organisés de leur propre initiative. Il y a beaucoup à apprendre de cela en termes d’autonomie de leurs activités, en raison des circonstances qui les ont poussés à s’organiser.
5. Motivation des pêcheurs à s’organiser de leur propre initiative
La motivation directe des pêcheurs de Kayar de la Grande-Côte pour mettre en place volontairement un comité de gestion des pêches était de s'unir et de négocier les prix avec les mareyeurs. Le comité a décidé d'imposer des limites de capture de leur propre initiative, ce qui a permis d'éviter que les prix du poisson ne s'effondrent, et ses activités ont finalement favorisé l'utilisation durable des ressources.
3. CLPA, Organisation de cogestion des ressources halieutiques au Sénégal
Les Conseils Locaux de Pêche Artisanale (ci-après, CLPA), composés de représentants des administrations (services déconcentrés des pêches, collectivités territoriales, administration territoriale…) et de professionnels de la pêche artisanale (pêcheurs, mareyeurs, transformatrices, distributeurs….), ont été créés en tant qu'organisation responsable de la cogestion des ressources halieutiques. Les CLPA se positionnent comme l'organe de décision pour la gestion des ressources halieutiques et sont officiellement reconnus en 2008, bien que leur création effective remonte à plusieurs années auparavant. Le rôle des CLPA est de donner leurs avis sur les questions liées à la pêche, de résoudre les conflits, de surveiller les activités de pêche, de proposer des plans de gestion des ressources halieutiques et de donner leurs avis sur les permis de pêche artisanale.
Il existe deux types de CLPA : les CLPA Métier, qui sont constitués de groupes de métier appelés collèges, et les CLPA Terroir, qui sont constitués d'un certain nombre de villages de pêcheurs. Les CLPA Métier sont organisés de manière indépendante dans les grands villages de pêcheurs comme Joal. Les CLPA Terroir sont formés dans les villages de pêcheurs de petite et moyenne taille, où un comité local villageois (CLV) est formé dans chaque village, et les représentants de plusieurs CLV se réunissent pour former un CLPA Terroir.
Former ou réorganiser une structure de gestion des ressources
Les responsables de structures et organisations qui ont l’intention d’introduire la cogestion des ressources halieutiques, et dans certains cas le conseil de concertation mentionné ci-dessus, réunissent les parties prenantes de la pêche et les habitants des communautés cibles. Ils expliquent et partagent avec les participants les défis de la gestion des ressources halieutiques identifiés au chapitre 1 et les activités pour les surmonter. L’objectif, la nécessité et le rôle des organisations de gestion des ressources sont ensuite expliqués. Sur la base de cette discussion, la formation ou la restructuration de l’organisation de gestion des ressources est examinée de manière participative. Si nécessaire, avec l’organe de décision, un organe subordonné sera mis en place pour guider et mettre en œuvre les activités de gestion des ressources à formuler sur le terrain..
6. Mise en place de l’organisation de gestion des ressources (CLPA) avec l’appui d’acteurs externes
Sur les quatre localités visées par le projet COGEPAS financé par la JICA entre 2009 et 2013 (Lompoul, Kayar, Joal et Djifer), un soutien a été apporté à la création de nouveaux CLPA à Lompoul et Djifer. Certains des CLPA établis avec l'appui d'acteurs externes ont continué à mener des activités de gestion des ressources, tandis que d'autres ont stagné.
7. Groupe de prise de décision et de pratique sur la gestion des ressources
Le projet COGEPAS financé par la JICA a permis de créer des comités de gestion des ressources (tels que le comité de gestion du poulpe et le comité de gestion de la pêche au filet maillant) au sein du CLPA qui est l'organe de décision, pour agir en tant qu'organe d'exécution pour chaque activité de gestion des ressources, les membres de ces comités partageant la responsabilité de prendre l'initiative dans des activités spécifiques de gestion des ressources. Il s'agissait de faire en sorte que l'organe de décision, le CLPA, dispose d'une nouvelle unité pour fonctionner en tant qu'organe d'exécution de ses activités. Dans le cas d'un comité villageois de gestion des ressources, le comité peut être à la fois l'organe de décision et l'organe d'exécution.
Renforcer l’organisation par des activités quotidiennes
Les organisations de gestion des ressources discutent avec le gouvernement et les bailleurs de fonds sur les questions et les défis qu’elles identifient dans leurs activités quotidiennes afin d’en examiner des solutions. En particulier, elles coordonnent soigneusement les points de vue de plusieurs groupes sociaux ayant des intérêts différents en raison des différences de professions et d’autres facteurs. Si nécessaire, des conseils techniques et un soutien juridique seront demandés au gouvernement et aux bailleurs de fonds. Une formation aux techniques de gestion financière et un soutien juridique doivent être sollicités, d’autant que des problèmes peuvent survenir dans la gestion des fonds destinés aux activités.
Il convient de veiller à la sélection d’activités réalistes et à la fixation d’objectifs, et de s’efforcer de renforcer le sentiment de solidarité au sein de l’organisation grâce à l’accumulation de petits succès par chaque acteur de la gestion des ressources halieutiques.
1. Voir la section 1.2 Conciliation des intérêts et établissement de consensus entre les parties prenantes, (3) Créer une “plateforme” de conciliation d’intérêt.